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Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/506

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Juba ne montra pas seulement son insolence à l’égard de M. Aquinius, homme nouveau, sénateur obscur, mais envers Scipion lui-même, distingué à la fois par sa naissance, par sa réputation et par ses dignités. En effet, comme Scipion, avant la venue du roi, portait le manteau de pourpre, Juba, dit-on, lui fit entendre qu’il ne devait pas le porter de la même couleur que le sien ; en sorte que Scipion prit le blanc pour complaire à Juba, le plus vain et le plus lâche des hommes.

LVIII. Le lendemain, tous les chefs font sortir toutes leurs troupes de leurs divers camps, les rangent en bataille sur une éminence assez rapprochée du camp de César, et s’y arrêtent. César, de son côté, fait aussi sortir ses troupes, et les ayant promptement rangées en bataille dans la plaine, à la tête de ses retranchements, il les y retient, persuadé que les ennemis, forts de leur nombre et des secours du roi, après avoir montré tant d’empressement, seront les premiers à marcher en avant, à attaquer. Ayant parcouru les rangs à cheval et exhorté les légions, il donne le mot et attend l’ennemi. Pour lui, divers motifs l’empêchaient de trop s’éloigner de ses lignes : la ville d’Uzitta, dont Scipion était maître, avait été garnie de cohortes ; et César, dont la droite était appuyée à cette ville, avait lieu d’appréhender que, s’il avançait au-delà, ces cohortes ne fissent une sortie pour le prendre en flanc. Ce qui l’arrêtait encore, c’est que le centre de Scipion était couvert par un terrain d’un abord difficile, qui aurait gêné dans l’attaque les troupes de César.

LIX. Il convient, ce me semble, que j’indique l’ordre de bataille des deux armées. Voici celui de Scipion. Il avait en front ses légions et celles de Juba, appuyées par derrière sur les Numides, dont les bataillons étaient si étendus et avaient si peu de profondeur, que, de loin, ce centre ne paraissait former qu’une seule ligne, composée de légionnaires, au lieu qu’il paraissait y en avoir deux sur les ailes. Les éléphants étaient distribués sur la droite et sur la gauche à égale distance, soutenus par l’infanterie légère et les troupes auxiliaires. Il avait placé à son aile droite toute la cavalerie régulière ; car sa gauche était couverte par la ville d’Uzitta, et l’espace manquait de ce côté pour y déployer de la cavalerie. Il avait jeté l’innombrable multitude de ses Numides et de ses troupes légères en avant de son aile droite, à plus de mille pas de distance, et il l’avait presque adossée à la colline, de sorte qu’elle s’étendait assez loin au-delà de son armée et de la nôtre. Le but de cet arrangement était qu’au moment où les deux armées engageraient le combat, cette cavalerie nombreuse, se déployant à l’aise, enveloppât tout à coup l’armée de César, et l’accablât de traits après l’avoir mise en déroute. Tel fut ce jour-là l’ordre de bataille de Scipion.

LX. Voici maintenant celui de l’armée de César ; je vais de gauche à droite. La neuvième et la huitième légion étaient à l’aile gauche ; la trentième et la vingt-huitième à la droite ; les treizième, quatorzième, vingt-neuvième et vingt-sixième au centre ; plusieurs cohortes tirées de