Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/522

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NOTES DES COMMENTAIRES SUR LA GUERRE D’AFRIQUE.

(1) L’auteur de ce livre est incertain. On l’attribue généralement, comme le précédent, à Hirtius.

(2) Dans un combat qu’il (César) soutint quelques jours après, il eut évidemment le dessous, quoi qu’en dise l’historien des guerres civiles. La manière de combattre de Labiénus fut celle que les Parthes avaient employée contre Crassus, d’attaquer les légions, non avec des armes de main, genre de combat où elles étaient invincibles, mais avec une grande quantité d’armes de jet : adroits, dispos, aussi braves qu’intelligents, sachant se soustraire à la poursuite du pesamment armé, mais retournant l’accabler de ses traits aussitôt qu’il avait pris sou rang dans la légion. Quelque imparfaites que fussent alors les armes de jet, en comparaison de celles des modernes, lorsqu’elles étaient exercées de cette manière, elles obtenaient constamment l’avantage. Napoléon.

On ne lira pas sans intérêt sur les opérations si obscures de celle bataille les éclaircissements suivants de Turpin de Crissé.

« César, après avoir ordonné à ses troupes de s’étendre sur un très-grand front, fit faire, suivant Hirtius, un quart de conversion aux cohortes, afin que chacune, l’une après l’autre, pût charger l’ennemi : Alternis conversis cohortibus, ut tina post alteram ante signa tenderet. On ne comprend que difficilement ce quart de conversion par cohortes. Les troupes de Labiénus environnaient celles de César. Les Romains, en attaquant la partie des troupes ennemies qui était en face d’eux, séparaient nécessairement cette partie de celle qui était derrière eux ; mais il ne leur suffisait pas d’attaquer une partie, il fallait les attaquer toutes en même temps : or, cette attaque générale ne put se faire que par une disposition générale à deus fronts ; c’est ce que ne dit pas Hirtuis, ou du moins il n’est pas clair dans son énoncé, Guischard, dans son analyse de la campagne de César en Afrique, est plus clair et plus conséquent (Mém. milit., t. ii) ; et quoique je pense qu’il s’est trompé en quelque chose sur la disposition que fit César, cependant il lui a donne un si grand jour, qu’il n’est pas possible de n’être pas de son avis sur presque tous les points. Chaque cohorte, chez les Romains, était sur dis files ; Guischard ne la met que sur neuf. Il prétend que du temps de César la légion se rangeait en bataille sur huit ou neuf files : j’y consens ; il aurait été plus commode, dans la circonstance présente, de les mettre chacune sur dix files, comme du temps des consuls ; mais certe file, du moins, apportera peu d’inconvénient à la disposition que je crois que fit César. Il avait trente cohortes rangées en bataille sur une méme ligne ; se voyant enveloppé par le grand nombre de troupes que commandait Labiénus, il fit d’abord la disposition que l’on voit au chapitre XVII. Ce n’était pas un quart de conversion qu’il fit faire à chaque cohorte, comme le dit Girtius, mais un demi-tour à droite par cohorte intermédiaire ; de sorte que onze cohortes firent face où elles avaient précédemment le dos, et les quinze autres ne bougèrent : ce qui mit l’infanterie de César sur une disposition à deux fronts. Il plaça sa cavalerie sur les deus flancs de son infanterie, dans l’intervalle de ces deus lignes, le front tourne vers le terrain des flancs ; ensuite il fit dédoubler ses cohortes, el, au lieu de neuf files sur lesquelles elles étaient, il ordonna aux quatre dernières files, et non pas aux trois dernières, comme le dit Guischard, de longer par derrière, et d’aller remplir l’intervalle qui était entre chaque cohorte. Par ce dédoublement, l’ordonnance à deus fronts, qui était avec des intervalles, se trouva en lignes pleines ou en murailles. La cavalerie resta dans la position où elle avait été placée, jusqu’au moment où l’infanterie se mettrait en mouvement ; alors la cavalerie de la droite et celle de la gauche se partagèrent chacune en deus parties, et chacune alla s’aligner sur les deus lignes ; l’infanterie et la cavalerie de ces deus lignes, en décrivant chacune un quart de cercle, chargèrent les troupes qui les environnaient ; l’enveloppe fut rompue et séparée en deux ; et l’ennemi, poussé vigoureusement, s’enfuit dans les montagnes, Guischard a très-bien expliqué ce mouvement ; je pense cependant qu’il s’est trompé sur le dédoublement qu’il ne fait faire que par trois files. Cette partie des cohortes, qui, après le dédoublement, s’était rangée sur la même ligne, et avait rempli ces intervalles qui étaient entre chaque cohorte, aurait été trop faible, même en la supposant formée des vétérans de chaque cohorte. Je la mets sur