Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/534

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eûmes dans ces deux combats plusieurs blessés, entre autres Clodius Aquilius ; mais nous n’y perdîmes que les deux centurions que l’amour de la gloire emporta trop loin.

XXIV. Le lendemain les deux armées se rencontrèrent à Soricaria (10). Nos troupes commencèrent à se retrancher. Pompée voyant que nous lui fermions la communication avec le fort d’Aspavia, qui est à cinq milles d’Ucubi, fut obligé d’en venir à une bataille ; mais pour ne pas se laisser attaquer en plaine, il voulut, de la petite éminence où il était campé, gagner un poste plus élevé. Pour cela il lui fallait de toute nécessité traverser un endroit fort difficile. Les deux armées ayant pris la même direction, l’ennemi fut arrêté et rejeté dans la plaine. Dès lors, nous eûmes l’avantage. De tous côtés les ennemis se mirent à fuir, et l’on en fit un grand carnage. Ce qui les sauva, ce fut la montagne et non leur valeur. Si la nuit ne fût pas survenue, nos gens, quoique inférieurs en nombre, leur eussent ôté toute ressource ; car ils leur tuèrent trois cent vingt-quatre hommes d’infanterie légère, et cent trente-huit légionnaires, sans compter ceux dont nous emportâmes les armes et les dépouilles. Ainsi furent vengés avec éclat sur l’ennemi les deux centurions qu’il nous avait tués la veille.

XXV. Le jour suivant, les troupes de Pompée s’étaient rendues, à leur ordinaire, dans le même lieu, firent la même manœuvre ; car leur cavalerie seule osait s’engager dans la plaine. Tandis que nos soldats étaient occupés aux travaux du camp, la cavalerie ennemie commença à les attaquer ; en même temps, leurs légionnaires poussaient de grands cris comme pour nous défier. Nos soldats les croyant enfin décidés à combattre, sortirent d’un vallon étendu mais profond, et s’arrêtèrent en plaine dans un terrain uni. Mais les ennemis n’osèrent y descendre, si ce n’est un certain Antistius Turpio, qui, comptant sur sa force, s’imagina qu’il ne trouverait pas parmi nous de rival. Là se renouvela le combat d’Achille et de Memnon. Q. Pompéius Niger, chevalier romain d’Italica, sortit de nos rangs pour le combattre. L’air intrépide d’Antistius avait excité l’attention de toutes les troupes ; elles abandonnèrent les travaux pour regarder le combat. La victoire semblait douteuse entre deux champions si vaillants, et l’on eût dit que le succès de l’un ou de l’autre déciderait de la guerre ; les deux partis souhaitant avec ardeur le triomphe de leur combattant, chacun attendait l’événement avec inquiétude. Couverts l’un et l’autre d’un bouclier richement ciselé, ils s’avançaient pleins de courage (11), et certainement le combat eût été bientôt fini si l’infanterie légère de l’ennemi ne se fût postée assez près de notre camp pour soutenir sa cavalerie qui s’était avancée, comme nous l’avons dit plus haut (12). Nos cavaliers reprenaient le chemin du camp. Se voyant poursuivis avec ardeur par l’ennemi, tous se retournèrent soudain