Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/537

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

étaient à la gauche avec les troupes auxiliaires et la cavalerie. On pousse de grands cris, et le combat s’engage (13).

XXXI. Quoique le courage de nos soldats fût supérieur à celui des ennemis, ceux-ci cependant se défendaient vivement de dessus les hauteurs où ils étaient postés. De part et d’autre on poussait de grands cris, et les traits pleuvaient, de sorte que nos gens désespéraient presque de la victoire ; car tout ce qui sert à effrayer l’ennemi, les cris, l’attaque, étaient semblables des deux côtés. L’ardeur était égale, mais un grand nombre d’ennemis tombaient percés par nos javelots. Nous avons dit que la dixième légion occupait l’aile droite. Quoique peu nombreuse, elle épouvantait l’ennemi par son courage, et elle le pressa si vivement que, pour n’être pas pris en flanc, il fut obligé de faire passer une légion vers notre droite. À la vue de ce mouvement la cavalerie de César se mit à charger l’aile gauche. Les combattants se joignent avec tant de valeur qu’il devient impossible de porter nulle part du secours. Aussi le bruit des armes mêlé aux cris et aux gémissements, glaçait de terreur l’âme des jeunes soldats. Là, comme parle Ennius, le pied presse le pied, les armes repoussent les armes ; mais, malgré la vigoureuse résistance des ennemis, les nôtres commencent à les rompre et les forcent à se réfugier vers la ville. S’ils n’eussent pas cherché un asile dans le même lieu d’où ils étaient sortis, le jour même des fêtes de Bacchus les eût vus mis en fuite et détruits. Pompée perdit dans ce combat au moins trente mille hommes. En outre, Labiénus et Attius Varus y furent tués ; on leur fit des obsèques. Il périt encore du côté de l’ennemi environ trois mille chevaliers romains, tant de Rome que de la province. Nous n’eûmes que mille hommes de tués, tant cavaliers que fantassins, et à peu près cinq cents blessés. On enleva à l’ennemi treize aigles avec des enseignes et des faisceaux. De plus, dix-sept chefs furent faits prisonniers. Telle fut l’issue de cette bataille.

XXXII. Comme les débris de l’armée ennemie s’étaient réfugiés dans Munda, les nôtres furent obligés de faire le siège de cette place. La circonvallation fut formée des armes et des cadavres des ennemis ; la palissade, de javelots, de dards de boucliers, d’épées et de piques, surmontées de têtes coupées et tournées vers la place ; de sorte que l’ennemi était de toutes parts entouré des marques formidables de notre valeur, qui nous servaient à l’assiéger. C’est ainsi que les Gaulois, quand ils vont attaquer une ville, plantent à l’entour sur des piques et des javelots les cadavres de leurs ennemis. Le jeune Valérius, après la défaite, s’étant sauvé à Cordoue avec quelques cavaliers, rendit compte à Sextus Pompée, qui se trouvait dans cette ville, de ce qui s’était passé. Sur cette nouvelle, celui-ci distribua tout l’argent qu’il avait aux cavaliers de sa suite, dit aux habitants qu’il allait trouver César pour traiter de la paix, et partit à la deuxième veille. D’autre