Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/716

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ques ornements, elle se place sur des coussins parfumés, auprès de son cher Antoine ; et, se faisant piquer les veines par des serpents, elle expire d’une mort douce et semblable au sommeil.

XII. — Guerres étrangères sous Auguste. — (An de Rome 755-760.) — Ce fut là le terme des guerres civiles. Rome n’eut plus à combattre que les nations étrangères qui, pendant les troubles domestiques de l’empire, s’étaient soulevées dans les diverses parties de l’univers. La paix qu’on leur avait donnée était encore nouvelle ; et ces peuples orgueilleux, peu accoutumés au frein de la servitude, tentaient de rejeter le joug récemment imposé à leurs têtes altières.

Ceux qui habitent vers le septentrion se montraient les plus indomptables : tels étaient les Noriques[1], les Illyriens, les Pannoniens, les Dalmates, les Mysiens, les Thraces et les Daces, les Sarmates et les Germains.

Les Alpes et leurs neiges donnaient de l’audace aux Noriques, comme si la guerre n’eût pu franchir ces montagnes. Mais César pacifia entièrement tous les peuples de cette contrée, les Brennes[2], les Sénons[3], et les Vindéliciens[4], par les armes de Claudius Drusus, son beau-fils. Qu’on juge de la férocité de ces nations qui habitent les Alpes par celle que montrèrent les femmes : manquant de traits, elles écrasaient contre la terre leurs propres enfants et les lançaient ensuite à la tête de nos soldats.

Les Illyriens habitent aussi au pied des Alpes, dont ils gardent les profondes vallées, comme les barrières de leur pays ; des torrents impétueux les environnent. César dirige lui-même une expédition contre eux, et fait construire des ponts pour franchir ces torrents. La fureur des eaux et les efforts des ennemis jettent le trouble dans son armée. Arrachant le bouclier d’un soldat qui hésite à monter, il s’avance le premier ; ses troupes le suivent alors ; le pont chancelle et s’écroule sous une charge aussi pesante. César est blessé aux mains et aux cuisses ; le sang dont il est couvert et le péril qu’il a bravé le rendent plus imposant et plus auguste. Il taille en pièces l’ennemi qui fuit devant lui.

Les Pannoniens avaient pour rempart deux fleuves impétueux, la Drave[5] et la Save. Après avoir ravagé les pays voisins, ils se réfugiaient entre ces rivages. César envoya Tibère pour les dompter. Ils furent massacrés sur le bord de ces deux fleuves. Les armes des vaincus ne furent pas brûlées, selon l’usage de la guerre ; mais on les prit et on les jeta dans le courant pour annoncer ainsi cette victoire à ceux qui résistaient encore.

Les Dalmates vivent habituellement dans les forêts ; aussi ne se livrent-ils qu’au brigandage. Marcius, en brûlant Delminium, leur capitale, leur avait ôté leur principale force. Après lui, Asinius Pollion, le second des orateurs, les dépouilla de leurs troupeaux, de leurs armes et de leurs terres. Mais ce fut Tibère qui, par l’ordre d’Auguste, acheva de les soumettre. Il contraignit cette race sauvage à fouiller la terre, et à tirer l’or de ses entrailles ; recherche à laquelle cette nation, la plus cupide de toutes, se livre avec au-

  1. Peuple du pays qui répond à la partie méridionale de la Bavière et de l’Autriche.
  2. Peuple peu connu de la Rhétue.
  3. Celtes d’origine ; ils étaient répandus dans la Germanie, comme dans la Gaule et dans la Cisalpine.
  4. Ils habitaient une province voisine de la Rhêtie.
  5. Ces deux rivières se jettent dans le Danube.