Aller au contenu

Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/724

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
712
A. FLORUS.

dius, il ne s’écoula que deux cent trente-trois ans, et non deux cent cinquante, comme le dit Florus.

(10) De cette dernière époque, l’an 487 de Rome, jusqu’à celle où Auguste ferma le temple de Janus, an de Rome 727, il y a deux cent quarante ans ; Florus se trompe donc de quarante années ; on voit, par toutes ces erreurs plus ou moins graves, qu’il a sacrifié l’exactitude de l’histoire à l’arrangement de sa phrase, « ut rotundum numerum efficeret, » dit Saumaise, en relevant ces inexactitudes.

(11) Autre faute de chronologie. Du commencement du règne d’Auguste, l’an 31 avant J.-C., jusqu’à la fin de celui de Trajan, l’an 117 de notre ère, il n’y a que cent quarante huit ans.

(12) Voyez dans la Notice sur Florus à combien de conjectures ce passage a donné lieu.

(13) On agite encore la question de savoir si Romulus fut, comme le dit Florus, le premier fondateur de Rome. Les anciens auteurs diffèrent sur ce point ; et Denys d’Halicarnasse distingue trois fondations diverses : la première avant la guerre de Troie, la seconde après la fuite d’Énée, et la troisième quinze générations plus tard, époque qui répond à la fondation attribuée à Romulus.

(14) « Il en est de l’origine des peuples comme des généalogies des particuliers : on ne peut souffrir des commencements bas et obscurs. Les Romains n’ont pas été exempts de cette vanité-là. Ils ne se sont pas contentés de vouloir appartenir à Vénus par Énée, conducteur des Troyens en Italie, ils ont rafraîchi leur alliance avec les deux par la fabuleuse naissance de Romulus, qu’ils ont cru fils du dieu Mars, et qu’ils ont fait dieu lui-même après sa mort. » (St-Évremond, Jugement sur les Romains, ch. 1.)

Il est devenu impossible d’éclaircir le mystère de la naissance de Romulus. La supposition la plus vraisemblable, c’est que la vestale Rhea Sylvia, fille de Numitor, fut abusée par Amulius, son oncle, qui, pour s’introduire la nuit auprès d’elle, avait pris l’apparence du dieu Mars. La fable de la louve allaitant les deux frères a été imaginée d’après les mœurs d’Acca Laurentia ; car Lupa signifie en latin à la fois louve et femme débauchée. Telle était l’importance que les Romains attachaient à tout ce qui concernait leur origine, que tous leurs historiens ont respecté les fables qui entouraient le berceau de Romulus. Acca Laurentia fut placée par Romulus au nombre des divinités.

(15) Suivant tous les auteurs, le Tibre était débordé lorsque le berceau qui contenait Romulus et Remus fut exposé sur les eaux ; et le fleuve, en rentrant dans son lit, laissa ce précieux fardeau sur le rivage. Florus, jaloux d’ajouter au merveilleux de ce récit, fait suspendre au dieu même du Tibre son cours naturel.

(16) Ce n’était pas par dédain pour la ville bâtie par son père, qu’Iule ou Ascagne abandonna Lavinium ; il fuyait la haine de Lavinie, sa belle-mère.

(17) Tite-Live, Denys d’Halycarnasse, et la chronique d’Eusèbe, comptent quinze rois d’Albe depuis Énée jusqu’à Amulius. L’un de ces princes, Tiberinus, donna son nom au Tibre, en se noyant dans ce fleuve ; et un autre, Aventinus, donna le sien au mont Aventin, sur lequel il fut enterré. Albe fondée l’an 1153 av. J.-C., fut détruite l’an 666, par l’ordre de Tull. Hostilius.

(18) Ce fut sur le mont Palatin que s’établit Évandre, prince arcadien, à son arrivée dans le Latium. Il fonda sur cette colline un bourg, qu’il appela Palantium, du nom de sa ville natale ; de là le nom de Palatin qui resta à cette colline.

(19) Les Romains empruntèrent aux Toscans la connaissance et l’usage des augures. (Voyez Val. Max., l. I, ch. 1, § 1.) Cicéron (De Divin.) dit que Romulus était un excellent augure. — Augurium et auspicium sont quelquefois employés l’un pour l’autre : il y a cependant entre eux une différence indiquée par leur étymologie. Augurium, avium garritus ; auspicium, avium spectio : et le présage se tirait ou du ramage des oiseaux, ou de l’inspection de leur vol.

(20) Quelques historiens prétendent qu’il s’éleva entre les deux frères une querelle violente, pour savoir qui désignerait l’emplacement de la ville naissante, et lui donnerait des lois ; que l’on en vint aux mains, et que Rémus périt dans le combat. (Voyez Denys d’Halycarnasse, Tite-Live, Plutarque, Vie de Romulus.)

(21) Un asile était, chez les anciens, un sûr refuge offert au criminel, au débiteur, à l’esclave poursuivis. L’asile ouvert par Romulus était au pied du Capitole. « Tout le monde y était reçu sans distinction, dit Plutarque ; on ne rendait ni l’esclave à son maître, ni le débiteur à son créancier, ni le meurtrier à son juge. » (Vie de Romulus) Tite-Live s’exprime à peu près de la même manière que Plutarque ; mais il ajoute des détails vraiment curieux : « Romulus, dit-il, suivit l’ancienne politique de tous les fondateurs, qui, en attirant à eux la foule obscure et pauvre, publiaient que la terre leur avait enfanté des hommes : il ouvrit un asile dans le lieu qui se trouve à la descente du Capitole, et qui est maintenant fermé de palissades. Il s’y réfugia une foule d’hommes venus des côtes voisines et avides de nouveautés ; on les reçut tous sans examiner s’ils étaient libres ou esclaves. »

(22) « Un prince d’une naissance incertaine, nourri par une femme prostituée, élevé par des bergers, et depuis devenu chef de brigands, jeta les fondements de la capitale du monde. Il admit pour habitants des gens de toutes conditions, la plupart pâtres et bandits, mais tous d’une valeur déterminée. Ce fut d’une retraite de voleurs que sortirent les conquérants de l’univers. » (Vertot, Rév. Rom. I.)

Justin prête à Mithridate, contre les Romains, ces paroles qui font allusion à leur origine : « Conditores suos, ut ipsi ferunt, lupæ uberibus alitos ; sic omnem illum populum luporum animos, inexplebites sanguinis atque imperii, divitiarumque avidos ac jejunos habere. » (Justin, liv. xxxviii.) — « Raptores italicæ libertatis lupos.» (Vell. Paterc. liv. ii, c. 27.)

(23) La guerre contre les Véiens ne fut ni la première de celles que fit Romulus, ni causée par l’enlèvement des Sabines. (Voyez Tit.-Liv.) Les Véiens s’armèrent pour venger les Fidénates, vaincus par Romulus, et le furent à leur tour.

(24) Jupiter Férétrien, ou porte-dépouilles, de ferre, porter. (Tile-Live, liv. i, c.10.) Quelques étymologistes donnent une autre origine au mot férétrien, et le font dériver du mot ferire frapper. « Quod fulmine feriat, vel quia dux ducem ense ferit. » (Prop., l. iv, eleg. XI, 45.) (Plut.) Les dépouilles opimes étaient celles que le général romain enlevait au général ennemi, après