Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/133

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leurs diſcours, ou autrement, chacun ſuivant ſon caractere. Caton, lorſqu’on lui demanda le ſien, parla ainſi[1] :

« Quelle dif‍férence, Peres Conſcripts, entre les penſées que m’inſpire le danger où nous nous trouvons, & celles qu’on tend à nous ſuggérer ! On m’a paru diſcourir ſur le ſupplice que doivent ſubir des gens qui ſe ſont diſpoſés à faire la guerre à leur Patrie, à leurs Peres & à leurs Dieux domeſtiques. Il s’agit bien plus de ſe précautionner contr’eux, que d’exa-

  1. Si cette Harangue eſt celle que prononça Caton, il faut que Salluſte en ait retranché ; nous n’y voyons pas ce qu’en dit Plutarque, qui en avoit une copie. « Caton, dit-il, commença en courroux, (je me fers de la traduction d’Amiot,) à reprendre griévement Silanus de s’être changé, & à piquer âprement Céſar, qui, ſous une apparence populaire, & ſous couverture d’un parler doux & gracieux, alloit ruinant la choſe publique & ſe réputer bien heureux, s’il pouvoit ſe ſauver qu’on ne s’attaquât à lui-même, pour les occaſions qu’il donnoit de l’en ſoupçonner, en voulant ainſi manifeſtement ravir d’entre les mains de la Juſtice des traîtres, &c. » Il eſt viſible que Salluſte a pris à tâche d’éloigner tout ce qui pouvoit fair ſoupçonner Céſar d’avoir favoriſé cette Conjuration. Cependant, à examiner de près la Harangue que Salluſte nous donne ici, on y apperçoit encore, quoiqu’en mots couverts, des traits aſſez piquants contre Céſar ; par exemple : Si Céſar ne craint rien de la part des Conjurés, nous n’en devons que plus craindre pour nous.