Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/164

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temps qui lui manquent[1], mais le ſoin d’en faire uſage. Son eſprit doit le conduire & le gouverner. S’il tend à la gloire par les ſentiers de la vertu, il trouve aſſez de vigueur & d’activité en lui-même pour y parvenir, ſans avoir beſoin de la fortune ; car elle ne peut donner ni enlever à perſonne la probité, les talents, ni toutes les autres bonnes qualités. Mais, s’il ſe laiſſe captiver par des paſſions déréglées, s’il goûte quelque temps les attraits pernicieux de la pareſſe & des plaiſirs des ſens, bientôt ſon eſprit s’éteint ; &, quand il vient à manquer, par ſa négligence, de temps & de force, il s’en prend à la foibleſſe de ſa nature. C’ef‍t ainſi qu’on rejette ſur les

  1. Il paroît même que l’Homme ef‍t celui des animaux terref‍tres qui vit le plus long-temps. Ce qu’on rapporte de la longue vie des corbeaux & des cerfs, auroit beſoin d’être prouvé par des expériences mieux conf‍irmées. La durée des animaux & des végétaux que nous connoiſſons bien, ſe trouve proportionnée au temps qu’ils emploient à croître. Pourquoi croirions-nous que la nature s’écarteroit de cette loi à l’égard de ceux dont nous ne ſommes pas à portée de vérif‍ier la durée ?