Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/315

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dans le deſſein qu’il avoit de tout révéler, & le conjure avec larmes, par l’amitié dont il l’a honoré, & par les preuves qu’il a eues juſqu’alors de ſa f‍idélité, de ne pas le ſoupçonner d’avoir part à un ſi grand crime.

LXXII. Jugurtha diſſimulant ſa colere, lui répondit avec aſſez de douceur. Il f‍it mourir Bomilcar, & pluſieurs autres qu’il ſavoit avoir trempé dans la conjuration, & n’étendit pas plus loin ſa vengeance, de peur d’exciter une ſédition. Mais depuis ce moment, il ne goûta plus de repos ni jour ni nuit ; tout lieu, tout homme, tout inſ‍tant lui étoit ſuſpect ; il craignoit également ſes ennemis & ſes ſujets. Toujours inquiet, toujours tremblant, le moindre bruit le mettoit hors de lui-même ; il changoit chaque nuit de lit & de chambre, ſans obſerver les bienſéances de ſon rang. Souvent il