Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/370

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les Patriciens ; mais la branche dont il ſortoit, étoit tombée dans l’obſcurité, par la molleſſe de ſes derniers aïeux. Il poſſédoit parfaitement les Lettres Grecques & Latines, avoit le cœur grand, étoit avide de plaiſir & encore plus de gloire. Il conſacroit ſon loiſir aux délices ; mais il n’abandonna jamais ſes af‍faires pour s’y livrer, ſi ce n’eſ‍t dans la maniere peu ſéante dont il ſe comporta envers ſon épouſe[1]. Eloquent, ruſé, d’un commerce aimable, d’une profondeur incroyable pour feindre & diſſimuler ; il donnoit libéralement tout, & ſur-tout ſon argent. Quoique le plus heureux des hommes, avant que d’être reſ‍té vainqueur dans la Guerre Civile, ſon bonheur ne

  1. Voici ce que Plutarque nous en rapporte : « L. Sylla f‍it de ſomptueux feſ‍tins au Peuple Romain, deſquels les préparatifs furent ſi grands & ſi exceſſifs, qu’on jetoit par chacun jour quantité de viande dans la riviere, & y buvoit-on du vin de quarante ans & plus ; pendant leſquels feſ‍tins. . . Sylla f‍it divorce avec ſa femme (Métella) malade, & la f‍it tranſporter, qu’elle étoit encore vivante, en une autre maiſon ». (Traduction d’Amyot.)