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épître aux femmes.

Quand il voit les effets de ce cruel abus ;
Quand il voit le besoin de distraire nos ames
Se porter, malgré nous, sur de coupables flammes ;
Quand il voit ces transports que réclamaient les arts
Dans un monde pervers offenser ses regards,
Et sur un front terni la licence funeste
Remplacer les lauriers du mérite modeste !
Ah ! détournons les yeux de cet affreux tableau !
Ô femmes, reprenez la plume et le pinceau.
Laissez le moraliste, employant le sophisme,
Autoriser en vain l’effort du despotisme ;
Laissez-le, tourmentant des mots insidieux,
Dégrader notre sexe et vanter nos beaux yeux ;
Laissons l’anatomiste, aveugle en sa science,
D’une fibre avec art calculer la puissance,
Et du plus et du moins inférer sans appel
Que sa femme lui doit un respect éternel.
La nature a des droits qu’il ignore lui-même :
On ne la courbe pas sous le poids d’un système ;
Aux mains de la foiblesse elle met la valeur ;
Sur le front du superbe elle écrit la terreur ;
Et, dédaignant les mots de sexe et d’apparence,
Pese dans sa grandeur les dons qu’elle dispense.

    Mais quel nouveau transport ! quel changement soudain !
Armé du sentiment l’homme paroît enfin ;
Il nous crie : « Arrêtez, femmes, vous êtes meres !
À tout plaisir sitôt rendez-vous étrangeres ;