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Page:Salomon Reinach, Cornélie ou le latin sans pleurs, 1912.djvu/8

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l’Église romaine ; mais à la suite des invasions barbares dans l’Occident de l’Europe au Ve siècle, le latin a disparu bientôt comme langue du peuple ; dans l’Empire romain d’Occident, là où il n’a pas été remplacé par les langues des conquérants germaniques (comme dans l’ouest et le sud de l’Allemagne et en Angleterre), il a donné naissance, en se transformant, aux langues romanes, dont le français, l’italien, l’espagnol, le portugais et le roumain sont, à l’heure actuelle, les représentants. Quand une langue n’est plus parlée par le peuple, elle a cessé de vivre ; le fait qu’elle reste la langue d’une élite n’empêche pas qu’elle soit morte.

« Puisque le latin est facile, m’écrivez-vous, je désire que vous m’en fassiez connaître les règles principales afin que je puisse bientôt lire Virgile à livre ouvert. » Sans vouloir vous décourager, ma chère Cornélie, il faut que je vous mette sérieusement en garde. Si beaucoup d’élèves font si peu de progrès dans l’étude du latin, cela vient précisément de ce qu’ils en méconnaissent la difficulté. Alors que celle du grec tient surtout à son excès de richesse, celle du latin est une conséquence de sa pauvreté. Le latin n’a pas d’article, il sous-entend très souvent les pronoms, il cherche la brièveté, il use beaucoup de formules, de locutions qu’il faut connaître et dont on ne