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au jardin de l'infante


Du remords imbécile et lâche je n’ai cure,
Et n’ai cure non plus des fadasses pitiés.
Les larmes et le sang, je m’y lave les pieds !
Et je passe, fatale ainsi que la nature.



Je suis sans défaillance, et n’ai point d’abandons.
Ma chair n’est point esclave au vieux marché des villes.
Et l’homme, qui fait peur aux amantes serviles,
Sent que son maître est là quand nous nous regardons.



J’ai des jardins profonds dans mes yeux d’émeraude,
Des labyrinthes fous, d’où l’on ne revient point.
De qui me croit tout près je suis toujours si loin,
Et qui m’a possédée a possédé la Fraude.



Mes sens, ce sont des chiens qu’au doigt je fais coucher,
Je les dresse à forcer la proie en ses asiles ;
Puis, l’ayant étranglée, ils attendent, dociles,
Que mes yeux souverains leur disent d’y toucher.