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Page:Samain - Œuvres, t1, 1921.djvu/148

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AU JARDIN DE L’INFANTE



Les Sirènes chantaient… Plus tendres à présent,
Leurs voix d’amour pleuraient des larmes dans la brise,
Et c’était une extase où le cœur plein se brise,
Comme un fruit mûr qui s’ouvre au soir d’un jour pesant.


Vers les lointains, fleuris de jardins vaporeux,
Le vaisseau s’en allait, enveloppé de rêves ;
Et là-bas — visions — sur l’or pâle des grèves
Ondulaient vaguement des torses amoureux,


Diaphanes blancheurs dans la nuit émergeant,
Les Sirènes venaient, lentes, tordant leurs queues
Souples, et sous la lune, au long des vagues bleues,
Roulaient et déroulaient leurs volutes d’argent.


Les nacres de leurs chairs sous un liquide émail
Chatoyaient, ruisselant de perles cristallines,
Et leurs seins nus, cambrant leurs rondeurs opalines,
Tendaient lascivement des pointes de corail.