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Page:Samain - Œuvres, t1, 1921.djvu/42

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au jardin de l'infante


Des deux rames que je balance,
L’une est Langueur, l’autre est Silence.

En cadence, les yeux fermés,
Rame, ô mon cœur, ton indolence
À larges coups lents et pâmés.

Là-bas la lune écoute, accoudée au coteau,
Le silence qu’exhale en glissant le bateau...
Trois grands lis frais-coupés meurent sur mon manteau.

Vers tes lèvres, ô Nuit voluptueuse et pâle,
Est-ce leur âme, est-ce mon âme qui s’exhale ?
Cheveux des nuits d’argent peignés aux longs roseaux...

Comme la lune sur les eaux,
Comme la rame sur les flots,
Mon âme s’effeuille en sanglots !