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Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/154

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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

naire. Arrivée devant Rovère, elle s’arrêta et, sans prononcer un seul mot, lui prit la main.

Dehors, la nuit était froide ; de larges étoiles brillaient dans le ciel très noir.

Tous deux, immobiles et suspendus, écoutaient la petite voix surnaturelle.

Tout à coup, Angisèle grelotta, un frisson secoua ses minces épaules, et tournant vers Rovère des yeux qu’agrandissait une subite terreur :

― Écoute, dit-elle, écoute, ne reconnais-tu pas cette voix ?… C’est celle de ma sœur Crucifixa… Elle m’appelle, je l’entends… Rovère, moi aussi, je vais mourir… mourir…

Elle prononça ces paroles en frémissant, le sein haletant ; puis, le mot mourir resta comme attaché à ses lèvres et y palpita malgré elle à demi étouffé, comme une bête qui se débat. En même temps, une angoisse indicible se peignait sur ses traits. Elle enveloppa Rovère d’un regard étrange où son âme sem-