Aller au contenu

Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
POLYPHÈME


Hélas ! ce fut un soir
Que, penché sur l’étang comme sur un miroir,

Pour la première fois je connus mon visage.
Honteux, je brouillai l’eau… L’eau refit mon image.
La nuit vint… Tout fut noir… Je regardais encor…
Et depuis j’ai vécu triste jusqu’à la mort !
Alors j’ai deviné le mensonge, la fraude,
Cet Acis, ce berger efféminé qui rôde,
Il l’a prise… à ses airs de grâce et de fadeur,
Quand moi, j’ai simplement l’infini de mon cœur !

Entre Lycas, cherchant à terre,
à gauche et à droite.
Ah ! c’est toi, mon petit… Que cherches-tu ?


LYCAS
Ma flèche.


POLYPHÈME,
la découvrant près de lui et la ramassant.
Tiens, la voilà.


LYCAS,
la prenant et embrassant Polyphème.
Bonjour.


POLYPHÈME
Oh ! cette bouche fraîche !…