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Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/239

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POLYPHÈME


GALATÉE

Entends-tu ces pêcheurs qui passent sur la route ?
Vois-tu, mêlés ainsi dans un même soupir,
Cela ne me ferait presque rien de mourir…

Polyphème étouffe un cri de désespoir
et brusquement s’enfonce dans la
forêt…

GALATÉE,
se dressant encore.

N’as-tu pas cette fois vu se mouvoir une ombre ?…

ACIS

Non, je n’aperçois rien… C’est quelque branche sombre.

GALATÉE,
se levant du tertre.

N’importe, j’aime mieux que nous nous séparions.

Doucement.

Va-t’en.

ACIS

Partir déjà ?… Quand, aux premiers rayons
De la lune, la mer est à peine argentée ?

GALATÉE

Oui, va-t’en : malgré moi mon âme est agitée.
Cette nuit est, vois-tu, si douce que j’ai peur.