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Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/249

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POLYPHÈME

Lycas ! c’est toi… je sens ta douce chevelure…
Toi seul as su m’aimer, petite créature :
Laisse-moi t’embrasser.

Il l’embrasse. — Ici, musique lointaine
et vague jusqu’à la fin.

Tu ne peux pas savoir…
Des yeux d’enfant sont si profonds pour qui sait voir !
Toi seul as su parfois sur ta petite bouche
Trouver naïvement la parole qui touche…
Aime bien Galatée : elle est ta grande sœur ;
Aime-la de toute la force de ton cœur !
Obéis-lui, sois doux pour elle… Galatée !
Oh ! ce nom où la fleur de sa chair est restée…
Adieu, jardins feuillus, pleins d’ombre et de soleil,
Jardins étincelants de son rire au réveil,
Vergers, bois familiers, frais ruisseaux, lits de mousse,
Adieu, tout ce qui fait que la terre est si douce…
Adieu, ma vie… adieu tout ce qui me fut cher !

LYCAS

Où faut-il te mener, grand ami ?

POLYPHÈME

Vers la mer.