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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

immobile, il se dégageait d’elle une beauté mystérieuse et grave, dont le frisson avait quelque chose de sacré.

Un jour qu’elle avait dansé d’une façon plus merveilleuse encore que d’habitude, elle reçut la visite d’un grand seigneur du voisinage. C’était un marquis de vieux Saxe d’une élégance exquise, pourtant encore beau, malgré quelque lassitude dans les traits, et d’une politesse incomparable. La guerre l’avait un peu endommagé. Sa tête et son pied gauche avaient été recollés.

Tel, il plut infiniment à Xanthis ; précisément cet air de fatigue qui se trahissait dans sa voix toujours un peu voilée la séduisit mieux que ne l’eût pu faire un bel éclat de jeunesse triomphante.

Le marquis lui parla longuement et sur mille sujets avec un agrément infini. Chose bizarre, en l’écoutant, des conversations, entendues jadis dans son pays, lui revenaient à l’esprit, et elle revoyait des hommes sages,