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Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/274

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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


Une amertume humaine a pénétré son âme :
Il médite l’exil sans joie et sans soutien
Et songe que sa chair est veuve de la femme
Et qu’il n’est pas un cœur qui batte avec le sien.



Son compagnon de route a pour nom le Silence ;
C’est avec lui qu’il mange à jamais son pain bis ;
Nul n’a besoin de lui [………]
Au maître seul, il doit compte de ses brebis.



Alors, levant la tête aux plaines constellées,
Il contemple la mer des splendides douceurs
Et sent divinement ses peines consolées
Par leurs feux caressants comme des yeux de sœurs.



Il n’est plus exilé dans l’immensité sombre ;
Les astres dans le ciel le regardent marcher,
Et son esprit tressaille aux grandes voix de l’ombre
Comme un cheval qui sent son maître s’approcher.