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Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/278

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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


Et cela ressemblait à ces fêtes exquises
Que l’âme de Watteau rêvait pour ses marquises.
Pour moi, j’en jouissais, songeant à part moi-même
Que le luxe est parfois joli comme un poème ;
Et mes yeux composaient un butin précieux,
Car tout étincelait : les bagues et les yeux,
Les cristaux, les satins, les lèvres, les sourires
Et le vin d’or captif dans l’argent fin des buires.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tout à coup le dessert éteignit ses éclats,

Et le dernier causeur finit son mot tout bas.
Debout, cambrant la taille et renversant la tête
Comme une jeune Muse invitée à la fête,
Vous chantiez comme il sied les soirs d’enchantements
Sous le ciel où tremblaient des pleurs de diamants.
Vous chantiez ; des échos s’éveillaient dans mon âme
Et, grave, j’écoutais ce qu’une voix de femme
Où l’art met le secret vibrant qu’il porte en lui
Ajoute de beauté frissonnante à la nuit !…

Telle je vous voyais…