Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
277
POÈMES INACHEVÉS


Les urnes de mon cœur fier et mystérieux
Qu’emplissait, chaque soir, de tendresse vivante
Une mélancolique et fidèle servante,
Et que je renversais à tes pieds nus d’amante
Pendant que tu m’ouvrais les jardins de tes yeux.



Tes beaux yeux vivants là sous la lampe et ta bouche
Riche comme un beau fruit d’automne ruisselant,
Ta bouche et l’arc de ton sourire étincelant.
Tes yeux, ta bouche… Ô mon trésor ensorcelant !…
Ô pauvre cœur plein d’ombre où ton soleil se couche !…



Moi, sans sonner à faux quelque beau désespoir,
Je redescends tout seul la colline fanée,
Et j’écoute — là-bas — pâle et l’âme inclinée,
Le dernier Angélus de la Douce Journée
Tomber comme une larme au cœur souffrant du Soir ;