Aller au contenu

Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
CONTES

par sa chevelure tordue à travers un monde d’impressions tourbillonnantes.

Le marquis, par instants, soulignait un passage d’éloges discrets, et se penchait vers elle pour lui expliquer sa pensée ; mais elle, silencieuse et fascinée, n’écoutait pas un seul mot ; c’est à travers les yeux du musicien qu’elle comprenait, et ces yeux lui révélaient pour la première fois l’enivrement de la tristesse.

À peine dehors, prétextant une atroce migraine, elle renvoya assez sèchement le marquis. Elle avait hâte de regagner son socle.

Des choses inconnues s’agitaient dans son être.

Pour conserver les émotions sentimentales, ces douces fleurs de l’âme, il n’est que l’eau fraîche et calme de la solitude.

Toute à elle-même, elle sortit de son cœur l’image du musicien et elle évoqua dans l’ombre ce beau visage au grand front pâle, ces yeux enfoncés comme des cavernes de mystère, d’où jaillissaient par moments des