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CONTES

les jours, tantôt du feu, tantôt de la neige qui descendait sur son âme.

Autour d’eux, peu à peu, le soir tombait. Les grands rideaux ― là-bas ― s’emplissaient d’ombre. Les choses glissaient insensiblement aux ténèbres. Le silence se faisait si profond qu’on entendait la chute des feuilles de roses sur le marbre des consoles. Elle s’asseyait tout près de lui, et la féerie des sons commençait…

Ah ! que cette musique exprimait bien le mode passionné de son âme ! C’étaient d’abord de grandes ondes berceuses, puis, peu à peu, des plaintes, des sanglots, des déchirements, des bouillonnements et comme des étreintes, et tout cela se résolvait soudain en d’inouïes douceurs qui venaient mourir en caresse, au long du cœur, et menaient l’âme éperdue jusqu’aux confins d’un ciel qui flotterait sur du silence !

Les heures fuyaient avec la rapidité de l’extase…