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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

petite vieille les douze coups de minuit pour qu’elle se décidât à partir.

Alors vite, sa grande mante parfumée jetée sur ses épaules, elle s’enfuyait dans la mélancolie exquise d’un dernier baiser.

Elle s’en voulait toujours de rester si tard, car il lui fallait prendre, pour regagner son socle, un sentier de traverse où se trouvait un vilain magot, coiffé d’un chapeau à clochettes, les jambes repliées sous un ventre débordant, qui, lorsqu’elle passait, se mettait à faire aller la tête de haut en bas en tirant une grande langue écarlate, et à rire avec une sorte de petit gloussement canaille.

Ce gloussement lui était insupportable ; pourtant, d’autres fois, la grimace était si drôle qu’elle avait toutes les peines du monde à se tenir de rire.