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CONTES

son cœur comme dans sa chair, un découragement sans bornes. Tout à coup, sur le large trottoir de l’avenue, en face d’elle, elle aperçut Lydie et Maurice qui revenaient ensemble de quelque fête de famille. Ils allaient lentement, d’un pas attardé d’amoureux, et, dans le silence du quartier désert, le bruit de leur voix était presque perceptible. Divine s’était penchée ; elle les suivait d’un regard éperdu et fixe, et, quand ils furent entrés dans l’ombre plus épaisse des arbres, elle se laissa glisser sur les genoux, le cœur déchiré fibre à fibre d’une atroce souffrance, et, sans une plainte, s’évanouit.