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le livre des trois mots.

laissent obscurcir (perdent) les lumières naturelles qu’ils ont reçues du ciel, ils se révoltent contre la raison, s’abandonnent à leurs désirs, et peu à peu ils tombent dans le vice.

Qu’entend-on par l’éducation ? Dans l’antiquité, lorsqu’une femme était enceinte, elle se tenait droite sur son siège et ne se penchait pas ; elle ne dormait pas sur le côté ; étant debout, elle ne se tenait pas sur un pied ; elle ne marchait point d’un pas désordonné ; ses yeux ne regardaient pas des objets indécents ; ses oreilles n’écoutaient point des chansons impudiques ; elle ne proférait pas des paroles inconsidérées ; elle ne faisait pas usage d’aliments singuliers. Elle ne cessait de pratiquer la droiture, la piété filiale, l’amitié, l’affection, la bienveillance. Aussi, les fils auxquels elle donnait le jour étaient doués d’intelligence, de talents et de prudence, et l’emportaient sur les autres par leur sagesse et leur vertu. Cela s’appelle l’éducation qui commence dans le sein de la mère et précède la naissance.

Dès qu’un enfant pouvait manger, on lui apprenait à se servir de la main droite ; dès qu’il pouvait parler, on l’empêchait de balbutier ; dès qu’il pouvait marcher, on lui apprenait à connaître les quatre côtés du monde, ainsi que le haut et le bas. Dès qu’il pouvait saluer, on lui enseignait la politesse, la déférence et le respect des parents. Voilà les habitudes qu’on faisait prendre aux jeunes garçons : ce genre d’éducation était le devoir des mères.

Quant à la manière d’arroser la chambre et de la balayer, de répondre à un appel ou à des questions, de s’avancer ou de se retirer, quant aux règles des rites, de la musique, du tir de l’arc, de la conduite d’un char, de l’écriture et du calcul, c’était là la première étude des jeunes garçons et l’objet de l’enseignement du père ou du maître. Ce qui donne de la valeur à l’enseignement, c’est de s’y appliquer d’une manière assidue et sans se lasser ; c’est de suivre un ordre et une gradation. Or, si l’on ne s’y applique pas d’une manière assidue, l’élève ne pourra mener ses études à bonne fin ; si l’on se lasse de l’instruire, il se relâchera de plus en plus. Ce n’est pas la bonne méthode d’enseignement.


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Si-meng-mou, Tsé-lin-tch’ou
Jadis, la mère de Meng-tseu choisit un (bon) voisinage et s’y établit.
昔孟母,擇鄰處