Page:Sand - Adriani.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

une attitude si extraordinaires, qu’il hésita à mettre son secret dans les mains d’un être bavard, sot et curieux.

— Voilà monsieur réveillé ! fit Comtois d’un air qu’il croyait être goguenard et qui n’était que stupide. Sans doute monsieur a bien dormi ? Il ne souffre pas du mal de dents, lui ! Ce n’est pas comme moi, qui n’ai pas pu fermer l’œil : ce qui m’a conduit à lire de vieux journaux où j’ai trouvé des choses bien drôles !

— Si vous êtes malade, Comtois, allez vous recoucher. Je me passerai de vous.

— J’aimerais mieux que monsieur me donnât une petite consultation.

— Pour les dents ? Je ne saurais. Je n’y ai eu mal de ma vie.

— Ah ! c’est que je croyais monsieur médecin ?

Ici, Comtois, voulant se livrer à un rire sardonique, fit une grimace si laide, qu’Adriani le crut en proie à de violentes souffrances. Il insista pour le renvoyer ; mais Comtois n’en voulut pas démordre, et s’acharna à raser son maître.

— Que monsieur ne craigne rien, lui dit-il en se livrant à cette opération quotidienne où il excellait et dont il tirait une incommensurable vanité, je raserais, comme on dit, les pieds dans le feu. J’ai la main si légère, que, eussé-je des convulsions, par suite de mes dents, vous ne me sentiriez point. Je sais ce qu’on doit