n’avais pas le plus petit renseignement sur lui, je me suis présenté pour voir au moins, à sa mine, si je pourrais m’en arranger. Son air m’est revenu tout de suite, et il paraît que le mien lui a plu aussi, car il s’est contenté de jeter les yeux dessus mon certificat en me disant :
— Je sais que le comte de Milly faisait cas de vous et que vous vous quittez à la suite d’une vivacité de sa part sur laquelle il ne veut pas revenir. Il m’a dit que vous écriviez lisiblement, que vous mettiez assez bien l’orthographe, et que vous aviez l’habitude de copier. Vous me serez donc utile et je vous prends pour le prix qu’il vous donnait : je ne me souviens plus du chiffre, rappelez-le-moi.
Là-dessus, me voilà engagé, car, puisque mon nouveau maître connaît mon ancien, chose que j’ignorais, ça ne peut être qu’un homme comme il faut, et, à sa garde-robe de voyage, éparpillée dans sa chambre, ainsi qu’à ses bijoux et à la manière dont les gens de l’hôtel le servaient, j’ai bien vite vu qu’il était passablement riche, ou qu’il savait vivre en homme du monde. J’ai bien demandé aussi dans la maison ; mais on m’a dit qu’on ne le connaissait pas autrement, et qu’il se faisait appeler M. d’Argères tout court.
Ça m’a bien un peu contrarié, parce que c’est pour la première fois que je sers une personne sans titre. Mais