Page:Sand - Adriani.djvu/218

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ce qu’il put trouver de moins pacotille, dans la pacotille que Paris fournit à la province. Comtois eut l’esprit de découvrir un bric-à-brac où son maître fit main basse sur d’assez belles choses. En cette circonstance, Comtois, malgré son éternel mal de dents, sut se rendre utile. Il marchanda, paya, fit emballer et charger les colis, et fit gagner beaucoup de temps par l’ordre qu’il apporta dans ces détails. Adriani voulait aussi des fleurs. Comtois courut d’un côté, tandis qu’il courait de l’autre, et les pépiniéristes des faubourgs livrèrent des caisses d’orangers et de grenadiers en fleurs, des lauriers-roses, des dahlias, des héliotropes, des verveines, enfin ce qu’on peut trouver à peu près partout maintenant, mais en assez grande quantité pour rajeunir l’aspect du triste jardin du Temple.

Un bateau prit ce chargement, et Adriani gagna Tournon pour disposer aussitôt les moyens de transporter par terre sans interruption.

Presque tout arriva sans encombre. L’artiste et son valet de chambre, aidés d’ouvriers pris à la journée, arrangèrent à la hâte le pauvre manoir dont Laure avait subi la laideur et l’incommodité avec tant d’indifférence. Il y eut bien des rideaux trop longs, des tentures mal ajustées, mais les murs noircis du rez-de-chaussée disparurent sous les étoffes, et le carreau disjoint sous les tapis. Les orties, qui croissaient jusqu’au seuil du vesti-