dépenses de l’administration. Là, en trois ans, avec des congés, Adriani pouvait gagner trois cent mille francs, car il pourrait aussi donner des leçons à un prix très-élevé, dès qu’il serait popularisé ; et, là seulement, il sortirait de la gloire à huis clos qu’il avait préférée à l’éclat de la scène ; là, enfin, il serait exploité au profit d’une entreprise commerciale et n’appartiendrait réellement au public que sous le rapport du talent. Ce n’est pas lui directement qu’on viendrait payer à la porte. On y achèterait bien, comme l’avait dit la vieille marquise, le droit de le siffler ; mais, du moins, il ne l’aurait pas vendu en personne et à son profit purement individuel.
— Il en est temps encore ! se dit-il ; les offres qu’on m’a faites sont toutes récentes : voilà mon devoir tracé. C’est la mort de l’artiste peut-être, car ma vocation n’était pas là, mais c’est le salut de l’homme.
Il se leva pour aller annoncer sa résolution à Laure.
— Elle me plaindra, pensait-il, mais elle m’encouragera. Elle comprendra que mon honneur, ma conscience exigent que je m’éloigne, et peut-être que…
Il s’arrêta glacé, atterré. Il se souvenait que Laure, on lui parlant d’Adriani, alors qu’elle ne connaissait encore que d’Argères, avait fait un grand mérite à l’artiste de n’avoir jamais voulu se vendre au public. Lui-même ensuite s’en était vanté, et il avait été très-évident pour lui, en plusieurs circonstances, que Laure éprou-