Page:Sand - Adriani.djvu/274

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comme ivre, lorsqu’à une invitation de venir souper qui lui fut faite, Laure se leva :

— Pardon, messieurs, dit-elle d’un son de voix qui arracha une exclamation à plusieurs des dilettanti présents à cette rencontre, je suis forcée de vous enlever Adriani. Nous sommes venues de loin pour l’entendre et le voir. Il faut qu’il nous reconduise et qu’il soupe avec nous.

Et, comme on souriait de la naïveté de cette déclararation, elle ajouta d’un ton qui sentait, je ne dirai pas la femme du monde, mais la femme haut placée par son éducation et ses mœurs :

— Nous sommes des provinciales et nous agissons avec la franchise de nos coutumes. Nous en avons le droit vis-à-vis de lui.

— Oui, madame, répondit Adriani en baisant la main de Laure avec un profond respect. Je suis bien fier de vous voir réclamer les droits de l’amitié, et celle que vous daignez m’accorder est le seul vrai triomphe de ma soirée.

Laure prit alors le bras du baron de West, et le pria de la conduire à sa voiture, où elle attendrait qu’Adriani eût quitté son costume pour la rejoindre.

Adriani se hâta, au milieu d’un feu croisé de questions.

— Cette dame, dit-il avec cet accent de conviction profonde qui impose malgré qu’on en ait, c’est la femme