Page:Sand - Adriani.djvu/34

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qui est propre aux lieux bouleversés par les premiers efforts de la formation terrestre. Par un de ces accidents géologiques qui se rencontrent souvent, le coteau des vignes se déchirait brusquement à son sommet, et la maison de la Désolade, adossée à cette déchirure, s’appuyait sur une terrasse naturelle de roches volcaniques assez escarpée. Une pente rapide, semée de débris et, pour ainsi dire, pavée de scories, conduisait de l’habitation à la prairie, traversée de ruisseaux grouillants et semée de belles masses d’arbres. D’autres vignobles garnissaient les coteaux environnants qui se relevaient vite vers le nord et enfermaient le ciel dans un cadre d’horizons de peu d’étendue. C’était une retraite naturelle et comme un grand jardin fermé de grands murs, que cette vallée gracieuse, entourée de collines riantes, dont les flancs abrupts se montraient pourtant çà et là sous la verdure, et semblaient dire : « Restez ici, c’est un paradis, mais n’oubliez pas que c’est une prison. »

Telle fut, du moins, l’impression de d’Argères, et la tristesse le saisit au milieu de son admiration. L’aspect de la demeure située immédiatement sous ses pieds n’y contribua pas peu. C’était une de ces petites constructions indéfinissables que des transformations successives ont rendues mystérieuses en les rendant contrefaites. Le vrai nom de cette maison était le Temple, dénomination répandue à foison dans tous les coins et recoins de la