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Page:Sand - Andre.djvu/102

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et je désire avoir une collection de certaines fleurs que mademoiselle a le talent d’imiter parfaitement. C’est un herbier de nouvelle espèce auquel M. Forez, mon ancien précepteur, s’intéresse beaucoup. Quant au mariage, les pauvres maris sont tellement ridicules pour le moment dans ce pays-ci, que j’attendrai un temps plus favorable. »

Madame Privat se mordit la lèvre et sortit brusquement. La réponse d’André faisait allusion à une aventure récente de son ménage ; et, quoique André ne fût pas méchant, il n’avait pu résister au désir de lui fermer la bouche. Quand elle fut sortie, il regarda Geneviève en souriant, espérant que cet incident allait faire oublier l’audace de sa visite ; mais il trouva Geneviève froide et sévère. « Puis-je savoir, monsieur, lui dit-elle, ce qui me procure l’honneur de votre présence ?

André se troubla. « Je mérite que vous me receviez mal, répondit-il. J’ai été étourdi, imprudent, mademoiselle, en m’imaginant que c’était une chose toute simple que de venir vous offrir ces fleurs. L’impertinente personne qui sort d’ici m’a fait sentir mon tort ; me le pardonnerez-vous !

— Oui, monsieur, répondit Geneviève, s’il est vrai que vous n’en ayez pas prévu les suites, et si vous me promettez de ne pas m’y exposer une seconde fois.

— J’aimerais mieux renoncer au bonheur de vous revoir jamais que de vous causer une contrariété,