Page:Sand - Andre.djvu/125

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e avec lui au bal et à la promenade ? pourquoi ne t’a-t-il pas donné le bras dans les rues ? pourquoi n’as-tu pas confié à tes amies, à moi, par exemple, qu’il te faisait la cour ? Nous aurions su à quoi nous en tenir ; et, quand on serait venu nous dire : « Geneviève a donc un amoureux ? » nous aurions répondu : « Certainement ! pourquoi Geneviève n’aurait-elle pas un amoureux ? Croyez-vous qu’elle ait fait un vœu ? Êtes-vous son héritier ? Qu’avez-vous à dire ? » Et l’on n’aurait rien dit, parce que, après tout, cela aurait été tout simple. Au lieu de cela, tu as agi sournoisement, tu as voulu conserver ta grande réputation de vertu et en même temps écouter les douceurs d’un homme, tu as gardé ton petit secret fièrement, tu as accordé des rendez-vous aux Prés-Girault. Tu as beau rougir, pardine ! tout le monde le sait, va ! Ce grand flandrin de bourrelier qui demeure en face, et qui ne fait pas d’autre métier que de boire et de bavarder, t’a suivie un beau matin. Il a vu M. André de Morand qui t’attendait au bord de la rivière et qui est venu t’offrir son bras, que tu as accepté tout de suite. Le lendemain et tous les jours de la semaine le bourrelier t’a vue sortir à la même heure et rentrer tard dans le jour. Il n’était pas bien difficile de deviner où tu allais ; toute la ville l’a su au bout de deux jours. Alors on a dit : « Voyez-vous cette petite effrontée qui veut se faire passer pour une sainte, qui fait semblant de ne pas oser regarder un homme en face, et qui court les champs avec