Page:Sand - Andre.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

En deux secondes il franchit l’escalier ; et, s’élançant dans la rue, il saisit une taille délicate, et, à tout hasard, voulut embrasser sa nouvelle conquête.

— Par amitié et par charité, monsieur Marteau, lui dit-elle en se dégageant, épargnez-moi, reconnaissez-moi, je suis Geneviève.

— Geneviève ! Au nom du diable ! comment cela se fait-il ?

— Au nom de Dieu ! ne faites pas de bruit et écoutez-moi. André est sérieusement malade. Il y a trois jours que je n’ai reçu de ses nouvelles, et je viens d’apprendre qu’il est au lit avec la fièvre et le délire. J’ai cherché Henriette sans pouvoir la rencontrer. Je ne sais où m’informer de ce qui se passe au château de Morand. D’heure en heure mon inquiétude augmente ; je me sens tour à tour devenir folle et mourir. Il faut que vous ayez pitié de moi et que vous alliez savoir des nouvelles d’André. Vous êtes son ami, vous devez être inquiet aussi… Il peut avoir besoin de vous…

— Parbleu ! j’y vais sur-le-champ, répondit Joseph en prenant le chemin de son écurie. Diable ! diable ! qu’est-ce que tout cela ?

Préoccupé de cette fâcheuse nouvelle, et partageant autant qu’il était en lui l’inquiétude de Geneviève, il se mit à seller son cheval tout en grommelant entre ses dents et jurant contre son domestique et contre lui-même à chaque courroie qu’il attachait. En mettant enfin le pied sur l’étrier, il s’aperçut,