Page:Sand - Andre.djvu/176

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un peu haute, je vous en avertis. Vous n’aurez pas peur ?

— Non, dit Geneviève. Prenons le plus court.

— Cette diable de petite fille n’a peur de rien, se dit Joseph, pas même de moi. Heureusement que la situation d’André m’ôte l’envie de rire, et que d’ailleurs mon amitié pour lui…

— Que dites-vous donc ? il me semble que vous parlez tout seul, lui demanda Geneviève.

— Je dis que le chemin est mauvais, répondit Joseph, et que si je tombais, vous seriez obligée de tomber aussi.

— Dieu nous protégera, dit Geneviève avec ferveur, nous sommes déjà assez malheureux.

— Il faut que j’aie bien de l’amitié pour vous, reprit Joseph au bout d’un instant, pour avoir chargé de deux personnes le dos de ce pauvre François ; savez-vous que la course est longue ! et j’aimerais mieux aller toute ma vie à pied que de surmener François.

— Il s’appelle François ? dit Geneviève préoccupée ; il va bien doucement.

— Oh ! diable ! patience ! patience ! nous voici au gué. Tenez-moi bien et relevez un peu vos pieds ; je crois que la rivière sera forte.

François s’avança dans l’eau avec précaution, mais quand il fut arrivé vers le milieu de la rivière, il s’arrêta, et, se sentant trop embarrassé de ses deux cavaliers pour garder l’équilibre sur les pierres