Page:Sand - Andre.djvu/208

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d’un cœur naturellement bon. Geneviève le sentit, et, pardonnant au caractère emporté et au manque d’éducation de son amie, elle la releva et l’embrassa.

— Tu nous aurais épargné à toutes deux une affreuse soirée, lui dit-elle, si tu m’avais interrogée avec douceur et confiance, au lieu de venir me faire une scène cruelle et folle. Au premier mot de soupçon, je t’aurais rassurée…

— Ah ! Geneviève, la jalousie raisonne-t-elle ? répondit Henriette ; prend-elle le temps d’agir, seulement ? Elle crie, jure et pleure ; c’est tout ce qu’elle sait faire. Comment, ma pauvre enfant, tu partais, et moi je t’accusais ! Mais pourquoi partais-tu sans me rien dire ? Voilà comme tu fais toujours : pas l’ombre de confiance envers moi. Et pourquoi diantre en as-tu plus pour M. Joseph que pour ton amie d’enfance ? Car, enfin, je n’y conçois rien !…

— Ah ! voilà tes soupçons qui reviennent ? dit Geneviève en souriant tristement.

— Non, ma chère, reprit Henriette ; je vois bien que tu ne veux pas me l’enlever, puisque tu t’en vas. Mais il est hors de doute que cet imbécile-là est amoureux de toi…

— De moi ? s’écria Geneviève stupéfaite.

— Oui, de toi, reprit Henriette ; de toi, qui ne te soucies pas de lui, j’en suis sûre ; car enfin tu aimes André, tu pars avec lui, n’est-ce pas ? Vous allez vous marier hors du pays ?