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Page:Sand - Andre.djvu/223

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— J’essaierai de vous fléchir ; et si je ne le peux pas…

— Eh bien ?

André resta deux minutes sans répondre. Les yeux étincelants de son père le tenaient en arrêt comme le lièvre fasciné sous le regard du chien de chasse.

— Eh bien ! monsieur l’épouseur de filles, dit le marquis d’un ton moqueur et méprisant, que ferez-vous si je vous défends de mettre les pieds hors de la maison d’ici à un an ?

— Je désobéirai à mon père, répondit André en s’animant, car mon père aura agi avec moi d’une manière injuste et insensée.

Rien au monde ne pouvait irriter le marquis plus que les paroles et le maintien de son fils. Un caractère plus hardi et plus souple aurait su flatter cet orgueil impérieux et brutal ; mais André n’avait pas le courage de caresser un animal si rude. Tout ce qu’il pouvait, c’était de faire bonne contenance devant lui et de ne pas s’abandonner à la tentation de fuir son aspect terrifiant.

« Ah ! nous y voilà ! dit le marquis en grinçant des dents et en se frottant les mains : voilà où nous devions en venir ! Eh bien ! qu’il en arrive ce qu’il plaira à Dieu ; pleurez, maigrissez, mourez ; aussi bien les sots comme vous ne sont pas dignes de vivre ; mais certainement, vous n’aurez pas mon consentement. Vous attendrez ma mort si vous voulez ; je