Page:Sand - Andre.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

voyiez le bouquet de noces qu’elle a fait à Justine, ce sont des jasmins qu’on vient de cueillir, absolument !

— Oh ! maman, dit Justine, et ces muguets !

— Tu aimes les muguets, toi ? dit à sa sœur Joseph, qui venait de rentrer.

— Il y a aussi des lilas blancs pour la robe de bal, dit madame Marteau ; nous en avons pour cinquante francs seulement pour la toilette de la mariée, sans compter les fleurs de fantaisie pour les chapeaux ; tout cela coûte bien cher et se fane bien vite.

— Mais combien de temps met-elle à faire ces bouquets ? dit Joseph ; un mois peut-être ? travailler tout un mois pour cinquante francs, ce n’est pas le moyen de s’enrichir.

— Oh ! monsieur Joseph, vous avez bien raison ! dit Henriette d’une voix aigre, ce n’est certainement pas trop payé ; il n’y a guère de profit, allez, pour les pauvres grisettes, et par-dessus le marché on leur fait avaler tant d’insolences ! On n’a pas toujours le bonheur d’aller en journée chez du monde honnête comme votre famille, monsieur Joseph ; il y a des personnes qui parlent bien haut chez les autres, et qui, au coin de leur feu, lésinent misérablement.

— Eh bien ! eh bien ! dit la grand’mère, qui, placée assez loin d’Henriette, n’entendait que vaguement ses paroles, qu’a-t-elle donc à regarder de