livres qu’elle feuillette toute la journée, et qui sont tout pleins de mots latins où je ne comprends rien, et où vous ne comprendriez peut-être rien vous-même ?
— Comment ! dit André, mademoiselle Geneviève lit des livres latins ?
— Elle étudie des traités de botanique, répondit Joseph. Parbleu ! c’est tout simple, c’est pour son état.
— C’est donc une personne tout à fait distinguée ? reprit André.
— Oui-da, je crois bien ! repartit Henriette ; je vous le disais tout à l’heure, c’est une grisette comme celle-là qu’il faudrait pour dîner avec monsieur ! Mais tout marquis que vous êtes, monsieur André, vous feriez bien de ne pas oublier vos manchettes pour lui parler ; on parle de fierté : c’est elle qui sait ce que c’est !
— Mais qu’est-elle donc elle-même ? interrompit Joseph ; de quel droit s’élève-t-elle au-dessus de vous ?
— Ne croyez pas cela, monsieur ; avec nous elle est aussi bonne camarade que la première venue.
— Pourquoi donc ne va-t-elle pas au bal et à la promenade avec vous ?
— C’est son caractère ; elle aime mieux étudier dans ses livres. Mais elle nous invite chez elle le soir, quand elle a gagné une petite somme. Elle nous donne des gâteaux et du thé ; et puis elle chante