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Page:Sand - Andre.djvu/74

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temps de se rafraîchir, et le char à bancs, avec André le fouet en main, était à la porte de madame Marteau ; Joseph attelait sa carriole, et les voyageuses arrivaient une à une dans leur plus belle toilette des dimanches, mais les yeux encore un peu gros de sommeil. On perdit bien une heure en préparatifs inutiles. Enfin, Joseph régla l’ordre de la marche ; il prétendit que la volonté de sa mère était de confier les demoiselles Marteau à André et à Geneviève, comme aux plus graves de la société. Quant à lui, il se chargeait d’Henriette et de ses ouvrières, et, pour prouver qu’on avait raison de le regarder comme un écervelé, il descendit au triple galop l’horrible pavé de la ville. Ses compagnes firent des cris perçants ; tous les habitants mirent la tête à la fenêtre, et envièrent le plaisir de cette joyeuse partie.

André descendit la rue plus prudemment et savoura le petit orgueil d’exciter une grande surprise. « Quoi ! Geneviève ! disaient tous les regards étonnés. — Oui, Geneviève, avec M. Morand ! Ah ! mon Dieu ! et pourquoi donc ? et comment ? savez-vous depuis quand ? Juste ciel ! comment cela finira-t-il ? »

Geneviève, sous son voile de gaze blanche, s’aperçut aussi de tous ces commentaires ; elle était trop fière pour s’en affliger ; elle prit le parti de les dédaigner et de sourire.

Peu à peu André s’enhardit jusqu’à parler. Mademoiselle Marteau l’aînée était une bonne personne, assez laide, mais assez bien élevée, avec laquelle il