Page:Sand - Antonia.djvu/142

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m’entendez bien ! c’est un bon parti, c’est une grosse fortune et un nom qui fait un certain bruit que je vous propose. C’est un homme qui fera toutes vos volontés durant sa vie et qui vous laissera tout son bien après sa mort, un homme qui n’a ni anciennes maîtresses, ni enfants de contrebande, ni dettes, ni soucis, ni attaches d’aucun genre. Enfin, c’est un homme qui serait votre grand-père et qu’on ne vous accusera pas d’avoir choisi par caprice et par galanterie, mais qui fera honneur à votre bon sens et à votre délicatesse, car vous avez des dettes, plus de dettes que d’avoir ! J’en sais le chiffre, moi ! Il est gros, et, si Marcel calculait bien, il ne vous dirait pas de vous endormir. Réfléchissez, la ! De grosses misères vous attendent si vous dites non, tandis que tout le monde vous saura gré de vous acquitter par un mariage de raison… Vous voilà bien étonnée, et pourtant votre amie la baronne vous avait fait entendre ;… mais elle ne vous a pas dit le chiffre peut-être ?

— Cinq millions, n’est-ce pas ? reprit Julie, qui était devenue pâle et hautaine. C’est de vous qu’il s’agissait, et c’est de vous-même que vous me parlez ?

— Eh bien, après ? Ça vous scandalise, ça vous offense ?

— Non, monsieur Thierry, répondit Julie avec un effort suprême. Je suis, au contraire, très-honorée de vos offres ; mais…

— Mais quoi ? Mon âge ? Croyez-vous que je veuille faire ici l’amoureux ? Non ! Dieu merci, je n’ai jamais