Page:Sand - Antonia.djvu/196

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Julie, allait s’en retourner sans entrer chez elle, lorsqu’elle le rappela. Son concierge venait de lui apprendre une nouvelle grave. Le vieux marquis, son beau-père, était mort à huit heures du soir, au moment où on le croyait guéri. On avait envoyé quérir Julie, afin qu’elle pût assister aux derniers sacrements. Son absence, fort peu explicable en raison de la situation qu’elle-même avait expliquée à Marcel, pouvait avoir des conséquences fâcheuses.

— Ah ! voilà ce que c’est ! dit Marcel avec chagrin (lui parlant bas sur le perron) ; je vous le disais bien. Je pressentais quelque danger ; mais il ne s’agit pas de se lamenter en pure perte. L’accident le plus inquiétant est encore la fin trop soudaine du vieillard. Allons, madame, vous devez faire acte de présence auprès de ce lit de mort. Il faut remonter en fiacre. Je vous conduirai chez madame votre belle-mère. Je n’y paraîtrai pas ; il ne serait pas convenable qu’on vous vît arriver, pour cette visite de condoléance, escortée de votre procureur. Demain, je me mettrai en campagne pour vos affaires, et nous saurons le contenu du testament, si testament il y a, Dieu le veuille !

Julie, toute troublée, remonta en fiacre.

— Attendez, dit Marcel, je ne puis vous attendre à la porte de la douairière ; ses gens me verraient, et j’ai dans l’idée qu’ils lui rendent compte de tout. Je descendrai avant que vous entriez dans la cour, et, comme je ne vous verrais pas avec plaisir revenir