Page:Sand - Antonia.djvu/23

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tourné ces réflexions dans sa tête, vous pouvez augurer mieux, pour vos intérêts, de l’avenir que du passé. Le présent vous montre que M. le marquis se décidera difficilement à vous libérer, mais qu’il ne se décidera pas du tout à vous abandonner. Le mince appoint qu’il vous offre n’est pas le dernier, on me l’a fait entendre, et j’en suis certain. Laissez passer quelques mois, laissez les créanciers de son fils vous faire des menaces, et vous le verrez mettre encore la main dans sa poche pour empêcher la vente de l’hôtel. Oubliez ces tracasseries, ne songez point à déménager, fiez-vous au temps et aux circonstances.

— Fort bien, monsieur, dit la baronne, à qui il tardait de donner son avis et de montrer l’orgueil de sa qualité. Vous donnez là un conseil fort sage ; mais, à la place de madame la comtesse, je ne le suivrais pas. Je refuserais net ces petites charités mesquines !… Oui, certes, je rougirais de les accepter ! Je m’en irais fièrement vivre dans un couvent, ou, encore mieux, chez une de mes amies, chez la baronne d’Ancourt par exemple, et je dirais au marquis et à la marquise : « Débrouillez-vous, je laisse vendre. Je n’ai pas fait de dettes, moi, et je ne me soucie pas de celles de monsieur votre fils. Payez-les avec les lambeaux de fortune qu’il m’a laissés, et nous verrons bien si vous supporterez en public le spectacle de mon dénûment. » Oui, ma chère Julie, voilà ce que je ferais, et je vous réponds que le marquis, que son second