Page:Sand - Antonia.djvu/273

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semblerait. Il fit signer et parafer cette pièce par M. Antoine et la mit dans sa poche, se réservant de la remettre en temps opportun à madame d’Estrelle, c’est-à-dire quand elle serait plus calme.

La donation de la maison de Sèvres avec une rente de cinq mille livres sur le grand-livre était déjà prête. Marcel eut un assaut terrible à livrer pour empêcher qu’on n’y mît une restriction analogue à celle que devait subir Julie. Il remontra que, Julie engagée à ne pas épouser Julien, il était fort inutile que Julien s’engageât à ne pas épouser Julie.

— Mais ta Julie, disait M. Antoine, peut fort bien renoncer à sa fortune, et, quand l’autre aura de quoi vivre, j’aurai fait un beau chef-d’œuvre ! je les aurai mariés ! Non pas, non pas ! je veux une lettre de cette dame comme quoi elle s’engage sur l’honneur et sur la religion à ne revoir de sa vie ce personnage, nommé en toutes lettres. Les femmes sont plus engagées par ces poulets dorés sur tranche que par tous vos parchemins. Elles craignent le scandale plus que la chicane. Je veux ce billet doux à mon adresse, ou je ne lâche rien.

— Vous l’aurez, dit Marcel.

Et il courut chez Julien.

Julien était fort agité ; il n’avait osé s’informer de rien à l’hôtel. Il avait envoyé rôder sa mère, qui avait vu tous les appartements fermés du côté du jardin. Il ignorait si la douairière était encore là, il ne savait rien de la visite de M. Antoine et du départ de Julie ?