Page:Sand - Antonia.djvu/317

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trape pas, moi ! J’ai vu le médecin du couvent : il m’a dit qu’elle avait de la mélancolie dans le tempérament, mais qu’elle n’avait point de mal sérieux. J’ai vu son médecin de Paris : il m’a dit qu’il ne connaissait rien à sa maladie. Si c’était quelque chose de grave, il saurait bien ce que c’est, que diable ! Moi, je le sais, elle a eu du dépit : on ne meurt pas de ça, et, à présent, elle va se remettre, j’en réponds !

— Et moi, dit Marcel, je vous réponds qu’une semaine encore du désespoir où vous la plongez, et elle est perdue sans ressources.

— Ah çà ! elle l’aime donc bien, ce barbouilleur ? Et lui, est-ce qu’il y pense encore ?

— Julien est aussi malade qu’elle, et dans une situation d’esprit tout aussi inquiétante. J’ai voulu m’en assurer : je l’ai confessé avec beaucoup de peine, car il n’est pas homme à se plaindre. Quant à elle, voilà deux mois qu’elle passe sans que je puisse lui arracher un mot. Aujourd’hui, j’ai voulu la pousser à bout, j’y ai réussi, et, dès aujourd’hui, mon parti est pris.

— Quel parti ? quoi ? que prétends-tu faire ?

— Je prétends déchirer deux pièces que j’ai dans ma poche : votre quittance, que j’ai reprise à madame d’Estrelle, et sa promesse de ne jamais revoir Julien, que je ne vous ai jamais remise. Vous vous êtes fiés à moi tous les deux en me chargeant d’échanger vos engagements réciproques. Je vous mets d’accord en détruisant tout. C’est à recommencer, et, comme je sais vos intentions à tous deux, je vous déclare que