Page:Sand - Antonia.djvu/320

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— Elle fait ses paquets ? elle emporte ?…

— Rien, dit Marcel, elle vous laisse tout. Nous allons à Sèvres ? Avez-vous demandé le fiacre ?

— Ma carriole et mon cheval de travail iront plus vite. On attelle.

Il s’assit sur le coin d’une table et resta plongé dans ses réflexions. Marcel s’assit vis-à-vis de lui, résolu à ne pas le perdre de vue, craignant tantôt pour sa raison, tantôt pour quelque diabolique inspiration de sa colère. Quand ils furent dans la carriole, il était sept heures du soir ; Marcel rompit le silence.

— Qu’est-ce que nous allons faire à Sèvres ? lui dit-il,

— Tu verras ! répondit M. Antoine.

Au bout d’un quart d’heure, Marcel reprit la parole.

— Vous n’avez aucun besoin d’aller là, lui dit-il. Les actes sont dans mon étude, il ne s’agit que de les déchirer, et je ne souffrirai pas que vous fassiez une scène ridicule chez ma tante, je vous en avertis. Elle est inquiète, Julien est très-malade, je vous l’ai dit.

— Et tu as menti comme un chien ! répondit M. Antoine : regarde !

Et il lui montra une espèce de cabriolet de louage qui se croisait avec eux sur la route. Julien, pâle et défait, le sourcil froncé, l’air absorbé, résolu, était dans ce véhicule et passait auprès d’eux sans les voir. Il avait reçu le billet de Julie, il s’était arraché de son lit, et, voulant questionner Marcel avant d’aller au