Page:Sand - Cadio.djvu/188

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est auprès de vous. (À un sous-officier.) Prenez douze hommes et courez par là. Arrêtez tous ceux que vous rencontrerez.

LE DÉLÉGUÉ. Oui, c’est cela. Restez, vous autres ! (Le sous-officier passe à cheval à travers le hangar en le brisant, ses hommes le suivent en élargissant la brèche. Henri fait entourer la cour par ses autres hommes.)

LE PREMIER SECRÉTAIRE. Emparez-vous de tout le monde ici.

MOTUS. Mais permets, citoyen secrétaire ! j’ai fort bien vu la chose, et, sans te contredire, je déclare que personne autre que toi n’a tiré.

LE SECRÉTAIRE. Ah ! vous raisonnez, vous autres ? vous entrez en rébellion ? vous trahissez aussi ?

HENRI. Non, monsieur ! N’insultez pas de braves soldats qui font leur devoir et le feront toujours.

LE DEUXIÈME SECRÉTAIRE, au délégué. On va nous chercher querelle, c’est un coup monté !

LE DÉLÉGUÉ. Ne donnons pas de prétexte à la révolte ! (À Henri.) Éloignez-vous, lieutenant ; vous nous gardez de trop près. On étouffe ici ! (Henri obéit.)

LE PREMIER SECRÉTAIRE. Il faut interroger le municipal. (Le deuxième secrétaire va le chercher.)

LE DÉLÉGUÉ. À quoi bon, puisque personne ne nous a attaqués ?

LE PREMIER SECRÉTAIRE, montrant le hangar. Une voix est partie de là pour protester contre la gloire et la sainteté de la République.

LE DÉLÉGUÉ, rêveur. Le monosyllabe était audacieux… vrai peut-être ! Qui sait si, en croyant sauver la République, nous ne l’égorgeons pas ?

LE SECRÉTAIRE. L’homme était un lâche, il a fui !

LE DÉLÉGUÉ, en proie à des mouvements contraires et convulsifs.